Nous parlons souvent des défis physiques et des conditions de travail exigeantes sur les chantiers, mais un sujet reste largement tabou : l’accès aux toilettes adaptées pour les femmes travaillant dans le secteur du BTP. Pourtant, cette problématique a un impact direct sur leur confort, leur dignité et même leur présence dans ce domaine encore largement masculin.

Un frein à la mixité dans le BTP

L’absence d’infrastructures sanitaires adaptées est l’une des raisons majeures pour lesquelles de nombreuses femmes hésitent à travailler sur les chantiers. Ce manque d’équipements aggrave les inégalités de genre dans un secteur qui cherche pourtant à se diversifier.

Lors de notre étude de marché, plusieurs professionnelles du BTP ont témoigné de leur inconfort quotidien. Tandis que leurs collègues masculins peuvent facilement trouver un endroit discret pour uriner à proximité du chantier, les femmes, elles, doivent surmonter plusieurs obstacles :

• Le manque de toilettes dédiées : Peu de chantiers disposent de sanitaires adaptés pour les femmes, et ceux qui existent sont souvent mal entretenus ou difficiles d’accès.
• L’obligation de se cacher : Trouver un endroit discret relève du parcours du combattant, surtout en pleine journée de travail.
• Les vêtements de travail inadaptés : Entre le pantalon de sécurité et parfois la combinaison intégrale, se déshabiller complètement pour uriner est une contrainte supplémentaire.

L’inconfort et l’hygiène : S’accroupir pour uriner dans des conditions précaires expose à des risques d’inconfort, de salissures, voire d’infections urinaires en raison de la rétention volontaire prolongée.

Quelles solutions pour améliorer la situation ?

Face à ce problème, plusieurs pistes peuvent être envisagées pour améliorer le quotidien des femmes sur les chantiers :

• Des toilettes mobiles adaptées : Installer des sanitaires propres et accessibles sur chaque chantier, en veillant à leur bon entretien.
• Des équipements pensés pour toutes et tous : Encourager les fabricants de vêtements de travail à proposer des tenues plus ergonomiques pour faciliter l’accès aux besoins naturels.
• L’utilisation d’urinettes : Ces dispositifs permettent aux femmes d’uriner debout, de manière plus pratique et hygiénique, réduisant ainsi les contraintes vestimentaires et la nécessité de se cacher.

Une prise de conscience collective : Sensibiliser les entreprises du BTP et les responsables de chantiers à ces problématiques pour intégrer des solutions adaptées dès la planification des infrastructures.

Un problème qui dépasse le BTP

Cette question ne concerne pas uniquement les chantiers. De nombreux autres secteurs rencontrent des difficultés similaires :

• L’agriculture : où les ouvrières passent des heures dans les champs sans accès à des toilettes.
• La sécurité et la logistique : où les longues heures de travail sur la route rendent l’accès aux sanitaires compliqué.

Les festivals et événements en plein air : où les files d’attente aux toilettes pour femmes sont souvent bien plus longues que pour les hommes.

Vers une évolution nécessaire

Améliorer l’accès aux sanitaires pour les femmes sur les chantiers n’est pas une question de confort superficiel, mais une nécessité pour garantir l’égalité des conditions de travail. Tant que ces infrastructures ne seront pas pensées pour toutes et tous, la mixité dans le secteur du BTP restera un défi.